7. Holographie


Le matériel holographique que j’emploie dans mes tableaux produit des lignes changeant de couleur et de place suivant l’angle de vue selon lequel on les regarde. Je ne l’emploie donc pas seulement pour expérimenter avec des matériaux nouveaux, il s’accorde au caractère évasif du labyrinthe que nous côtoyons sans le reconnaître dans la vie. Il faut laisser l’effet du film holographique jouer sur nous. Derrière un premier aspect quelque peu froid et clinquant, on découvre une troisième dimension de la lumière qui peut devenir hypnotique ou sidérante et dans laquelle le motif s’évanouit comme dans son aura. Cette dimension accompagne logiquement la quatrième dimension cachée du labyrinthe.

L’holographie est devenue importante non seulement en optique mais aussi en cosmologie : « Etrange découverte ! L’horizon d’un trou noir ressemblerait à un hologramme à l’instar de ces images que l’on croit tridimensionnelles mais qui ne sont que les reflets d’un objet à deux dimensions, tout ce qui se passe à l’intérieur est inscrit sur son enveloppe. Ce résultat a par la suite été considéré comme si fondamental que Gerard ’t Hooft, à l’université d’Utrecht en 1993, et Leonard Susskind, à l’université de Stanford en 1995, ont décidé d’en faire un principe, le « principe holographique ». Celui-ci postule que la description complète de tout système physique occupant une région de l’espace peut être donnée par une théorie définie sur la seule frontière de cette région… Il est alors tentant d’étendre ce résultat à notre propre monde. De faire comme si notre monde n’était qu’un hologramme »1.

N’y a-t-il pas ici un parallèle avec le dédale qui est l’image d’un « Un » invisible, semblable à un trou noir dont il constitue l’horizon ? Faire œuvre de contemplation s’exécute dans l’ignorance et, si peindre c’est aussi cela, l’usage de l’holographie devient comme une métaphore du fait que le peintre ignore ce qu’il peint.


1 Science et Vie, septembre 2010